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Cycle 3-La dictée-flash

La dictée est un moment le plus souvent vécu de façon très négative et pessimiste par les enfants, surtout en CM.

Le temps est limité, la moindre erreur est sanctionnée par une perte de points implacable (-1/2 point, -1 point, -2 points), et les enfants les moins en réussite se sentent (pendant les 20 min que dure en moyenne l’activité) comme aspirés dans une spirale négative, au terme de laquelle ils ne retiendront quela bullequ’ils ont eue (maman, j’ai encore eu 2 en dictée aujourd’hui !!) ce vendredi matin lors de la dictée hebdomadaire, en lieu et place des règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, … qu’on voulait pourtant, à la base, leur faire comprendre, appliquer ou réviser.

La dictée-flash permet d’éviter tout ça.

Elle a changé le regard que je portais jusqu’alors sur la dictée, car en la pratiquant, j’ai doucement découvert que la dictée pouvait ne pas être une activité poussiéreuse et rébarbative (pour les élèves comme pour l’enseignant !), mais qu’il existait une pluralité de dictées, chacune revêtant des caractéristiques et supportant des objectifs et des intentions qui lui sont propres.

La dictée-flash est une dictée d’apprentissage. Une dictée d’entraînement.
Première conséquence : elle n’est jamais notée.

Il existe, au sein-même de la dictée-flash, diverses formes de dictées et de mises en oeuvre.

Celle que je vais vous présenter ci-dessous est celle que j’applique personnellement le plus souvent.

  1. Un texte court est écrit au tableau (1 à 2 phrases pour des CE2 en début d’année, 3 à 5 phrases pour des élèves de CM).
  2. Je laisse dans un premier temps les élèves le découvrir et le lire silencieusement, puis un élève le lit à voix haute.
    On explique alors ensemble les mots difficiles.
  3. Puis je demande ensuite aux élèves de réfléchir quels seraient les mots qui, selon eux, leur poseraient difficulté si je devais leur dicter ce texte sans support visuel (autrement dit, sans le tableau, dans ce cas de figure).
  4. Arrive alors un moment de réflexion collective, au cours de laquelle les élèves signalent à la classe des mots qui leur semblent difficiles et qu’ils craignent ne pas savoir écrire sans erreur sous la dictée.
    Chaque fois que cela est possible, on essaie de cibler au plus près la partie du mot qui pose problème à l’élève : est-ce la terminaison “-ent” du verbe “mangent” ? Le double “m” du mot “communiquer” ? Le “x” du mot “peaux” ?
    Cette partie du mot (ou son intégralité, si c’est le mot dans son ensemble qui pose difficulté) est alors soulignée ou entourée au tableau, et les élèves et moi-même cherchons ensemble un moyen efficace pour se rappeler de sa bonne écriture.
    La priorité est donnée à l’application des règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, … apprises en classe et connues des élèves, à la mise en évidence des chaînes d’accords (dans le GN, dans le GV), mais on peut aussi proposer des astuces mnémotechniques (faites répéter ce mot à vos élèves, ils sont trop drôles lorsqu’ils essaient ! ). Par exemple, pour se rappeler que le verbe “communiquer” s’écrit avec deux “m”, il suffit de penser que lorsqu’on communique, on est au moins deux à le faire (l’un émet et l’autre reçoit), et hop !! Je me rappelle que le mot s’écrit avec deux “m” … (magique !!).
    De même, la parole est donnée en priorité aux propositions des élèves : cela permet d’évaluer ouvertement leur capacité à mobiliser judicieusement et à bon escient leurs connaissances. Mais parfois les élèves ne savent pas comment aider leur camarade en difficulté, auquel cas l’enseignant peut alors intervenir pour les guider vers la perception d’une chaîne d’accord (par exemple) ou une astuce mnémotechnique.
  5. Ce temps de “brain-storming” (10 minutes max) terminé, je propose le plus souvent aux élèves la situation suivante : “Je vais à présent vous dicter ce texte que vous allez recopier dans votre cahier.
    Le tableau restera ouvert tout au long de la dictée, mais vous n’aurez le droit de lever les yeux au tableau qu’à la seule et unique condition que vous ne trouviez pas tout seul (ou ne vous rappeliez pas) comment un mot s’écrit.
    Si tel est le cas, vous pouvez regarder le tableau et recopier ce mot (sans faire d’erreur bien sûr, puisqu’alors c’est de la copie !), mais, en échange, vous devrez tracer une petite croix sous ce mot à l’endroit précis qui vous a embêté et conduit à lever les yeux au tableau.”
    Pour l’élève, le but du jeu n’est pas de ne jamais regarder le tableau, surtout s’il se sent souvent en difficulté, mais de prendre conscience qu’il a des capacités, qu’il a des connaissances mais qu’il a le droit d’avoir aussi des failles qu’il est bon qu’il apprenne à identifier pour progressivement apprendre à les surmonter.
  6. Pendant la dictée, je rappelle à une à deux reprise(s) les termes ducontrat” aux enfants que je vois lever les yeux en direction du tableau.
  7. A la fin de la dictée, je demande à deux élèves de relire à voix haute le texte qu’ils ont écrit dans leur cahier. Le tableau est alors momentanément fermé pour aider les élèves à se centrer, durant ce temps (5 min, avec un temps de relecture individuelle), sur leur propre écrit.
  8. Réouverture du tableau et correction collective (3 à 5 min).
  9. La correction une fois effectuée, les élèves précisent dans la marge deux indicateurs : le nombre de croix qu’ils ont tracées au cours de la dictée (soit le nombre de fois où ils ont “craqué”, en d’autres mots) et le nombre d’erreurs résiduelles lors de la correction finale.
  10. La dictée-flash peut prendre fin par un bref recensement statistique oral des scores obtenus par les élèves.

Pour pratiquer avec régularité depuis 3 ans aujourd’hui ce type de dictée auprès d’enfants de niveau CE1 à CM2, je peux vous garantir que les enfants qui connaissent la dictée-flash A-DO-RENT ça, et en redemandent !

Parce qu’elle n’est pas vécue comme une activité-sanction, mais comme un jeu et un défi personnel.
Un challenge. Et les élèves se voient véritablement progresser.

La posologie que je vous recommande ? Une fois par semaine, dès le début de l’année.
Attention à ne pas trop en abuser, c’est comme le chocolat(euh, non, le chocolat, c’est une exception…, si si !), et à pratiquer aussi d’autres formes de dictées (voir le billet qui leur a déjà été consacré sur le blog).

Je pourrais encore en écrire beaucoup sur la dictée-flash, sur ses variantes et vous apporter plus de précisions, mais je crois avoir écrit là le plus long billet que je n’ai jamais écrit, aussi vais-je m’arrêter

N’hésitez pas à partager avec nous vos propres façons de faire et de mener une dictée-flash !

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